Pour Mortaza, une belle journée de solidarité
Chaque moment de cette journée du 30 mai restera dans nos mémoires. Chacun des intervenants et intervenantes a donné le meilleur de lui-même pour que s’exprime notre solidarité, avec intelligence et coeur, autour de Mortaza Behboudi, journaliste franco-afghan détenu par les talibans. Le 7 juin, ce sera le 5e mois de cette détention.
D’abord, au Club, un temps fort et mobilisateur s’est tenu autour de l’exposition de la journaliste à Mediapart, Rachida El Azzouzi : vingt-deux photos du reportage intitulé « À travers l’Afghanistan sous les Talibans ». Réalisé en 2022, avec Mortaza Behboudi, il retrace la réalité quotidienne de la population afghane depuis la prise du pouvoir par les Talibans en août 2021. Les images reflètent les atteintes aux libertés fondamentales et la dégradation de la condition des femmes.
Des photographies émouvantes, parfois dures mais éclairantes qui ont valu aux deux journalistes le prix Bayeux des correspondants de guerre et le prix Varenne de la presse quotidienne nationale.
Au cours d’une discussion animée par Marguerite Castel et Julien Marsault (journalistes et administrateurs au Club), Rachida Al Azzouzzi a rappelé ce contexte édifiant : les Afghanes sont privées de liberté d’expression, de circulation, d’accès au travail, à l’éducation, aux soins ; elles sont soumises à une oppression systématique et brutale en raison de leur genre, et subissent un effacement méthodique. L’Afghanistan est aujourd’hui le seul pays au monde à priver les femmes du droit inaliénable à l’éducation, à leur interdire d’étudier au-delà de l’âge de 12 ans. «Les fondamentalistes islamistes talibans sont plus préoccupés par le contrôle du corps des femmes que par la lutte contre la famine», a commenté la journaliste de Médiapart en illustrant ses propos de quelques arrêts sur image de sa série.
Crédit photo : Région de Kandahar, Afghanistan, janvier 2022, Rachida El Azzouzi / Médiapart
Plus tard, à l’IEP a été projeté un extrait du documentaire « Ils ne nous effaceront pas », qui illustre le combat des femmes afghanes, réalisé par Mortaza et Rachida.
Né de reportages sur le terrain, il est le fruit d’un travail collectif, où fixeurs et traducteurs ont un rôle important.
Ensuite, un débat a rassemblé quelque soixante personnes à l’IEP. Il était animé par Loeiza Alle, au nom du comité de soutien de Douarnenez, là où la présence de Mortaza est tellement forte, comme l’a dit son épouse, Aleksandra.
Philippe Rochot, ancien grand reporter, otage au Liban pendant 105 jours en 1986, a dit l’espoir que Mortaza puisse être libéré après un jugement. Il a souligné les dangers encourus par les journalistes à double nationalité, « empêcheurs de tourner en rond », car ils sont « l’oeil de plusieurs rédactions ». Leur détention marque la volonté des régimes anti-démocratiques de « stopper les reportages occidentaux. »
« L’ordre taliban est destructeur de journalisme », a souligné Antoine Bernard, directeur général adjoint de Reporters sans frontières. « Il faut comprendre comment fonctionne cet ordre pour convaincre certaines des autorités, comme les ministres de la Culture ou de la Défense, que leur intérêt pourrait être de libérer Mortaza après une procédure judiciaire. »
Que faire alors, ici? « Marteler notre demande sur Twitter que le régime consulte; élargir la pétition; poursuivre la conversation avec une frange du régime taliban »
La liberté de la presse régresse dans le monde. Elle est mise à mal aussi en Bretagne. Julie Lallouët-Geffroy, membre du média d’enquête Splann!, a rappelé les menaces et pressions exercées sur plusieurs collègues journalistes, notamment autour de l’agro-alimentaire ou de l’accueil des migrants.
« Nous avons besoin de nous parler, de nous défendre, aussi au nom de la liberté de la presse. Et de résister face aux idées mortifères de l’extrême-droite.»
Paul Goupil
L’exposition « À travers l’Afghanistan sous les talibans » est à retrouver dans les locaux du Club de la Presse de Bretagne, du lundi au jeudi de 9h à 12h et de 14h à 17h, jusqu’au 20 juillet. Pour organiser des visites collectives, veuillez nous contacter par téléphone ou via l’adresse accueil@clubpresse-bretagne.com
Revue de presse :
_https://www.ouest-france.fr/bretagne/rennes-35000/une-journee-dediee-a-la-liberte-de-la-presse-mardi-a-rennes-3daa4bb2-fd5a-11ed-bcfa-41d7422607f2
_https://www.lemonde.fr/economie/article/2023/06/06/les-proches-du-journaliste-mortaza-behboudi-se-mobilisent-pour-sa-liberation_6176468_3234.html#xtor=AL-32280270-%5Bdefault%5D-%5Bios%5D
_https://www.letelegramme.fr/ille-et-vilaine/rennes/a-rennes-decouvrez-les-photos-de-mortaza-behboudi-emprisonne-a-kaboul-31-05-2023-13348590.php?utm_content=photo&utm_term=MensueldeRennes&utm_campaign=twitter&utm_source=nonli&utm_medium=Social
_http://www.canalb.fr/larene/4463
_https://www.c-lab.fr/article/actualite-locale/journee-de-soutien-a-la-liberte-de-la-presse.html
_https://www.radiolaser.fr/actualites/2044/journee-de-soutien-a-la-liberte-de-la-presse-et-au-journaliste-mortaza-behboudi-a-rennes-le-30-mai/
_https://www.unidivers.fr/event/journee-de-soutien-au-journaliste-mortaza-behboudi/
Œuvres sociales La carte Cezam accessible aux adhérents du club
Le club de la presse s'associe à l'association "Carte Cezam", spécialisée dans l'accompagnement...
Menace sur l'éducation aux médias et le tissu associatif
Lettre ouverte du Club de la presse de Bretagne aux député·es breton·nesMadame la députée,...
Bonne année 2025 !
Le conseil d'administration et l'équipe salariée du Club de la presse de Bretagne souhaitent à...
Journées rennaises de la laïcité
Le Club de la presse partenaire de plusieurs événementsA l’occasion des Journées rennaises de la...
Éducation aux médias
Une cartographie des médias bretons aux Champs libresSamedi 16 novembre, le Club de la presse de...
50 ans du Club de la presse de Bretagne : MERCI !
Merci à tous nos partenaires pour leur soutien.Merci aux membres du club et aux bénévoles pour...