DAB+, Le déploiement avance, des questions demeurent

Légende photo : Xavier Milliner – DR

Trois questions à Xavier Milliner, coordinateur à la CORLAB (coordination des radios locales et associatives de Bretagne)

On parle depuis 15 ans du déploiement du DAB+. Où en est-on aujourd’hui ?

Comme pour la FM, l’attribution des fréquences en DAB+ est soumise à la mise en appel, à l’instruction puis à la sélection des dossiers par l’ARCOM (ex-CSA).

C’est seulement en 2017, avec beaucoup de retard par rapport aux autres pays européens, que cette institution a validé la généralisation d’un déploiement fractionné sur l’ensemble du territoire.

Trois types de zones ont été définies.

Les fréquences métropolitaines ont été attribués à 26 radios (deux lots de 13 stations). Le service public (Radio France) a bénéficié de places préemptées et les grands acteurs du paysage radiophonique, commerciaux u associatifs, ont candidaté ( Altice, Vivendi…) .

Priorité a été donnée au déploiement le long des principaux axes autoroutiers (Paris, Lyon Marseille) en 2021. Il devrait se poursuivre cet automne sur les axes desservant Lille, Bordeaux, Strasbourg, Nantes, Rennes et Brest.

Second niveau, les fréquences étendues couvrent sensiblement les bassins de diffusion de France Bleu. Des stations nationales thématiques ont choisi de compéter ainsi leur maillage (Radio Nova, Radio FG, Alouette…).

Deux lots ont été attribués à la Bretagne. RCF a mutualisé son offre, devenant RCF Bretagne. Un projet, unique en France, a été porté par 15 adhérents de la COLAB : BOA propose ainsi un programme en breton, gallo et français depuis juillet dernier.

Qu’en est-il des fréquences locales ?

Pour le moment, seules les grandes et moyennes agglomérations sont concernées. A Rennes et Brest, deux lots ont été accordés. Rennes accueille un nouveau projet : Quartier des ondes (le Blosne) et Brest, Bretagne 5 (qui émettait en MO depuis les Côtes d’Armor). Un nouvel appel est prévu sur Vannes, Lorient, Ploërmel, Quimper, Landerneau, Saint Brieuc et Vitré.

La grande difficulté est d’ordre économique. La technologie oblige à partager la fréquence entre 13 radios pour une même qualité de signal et un même prix.

Pour répondre aux interrogations sur la survie des radios associatives en milieu rural, l’ARCOM travaille sur un Livre Blanc qui doit déboucher en 2024 sur des arbitrages et notamment la date d’extinction de la FM.

A ce stade, le bilan avantages inconvénients paraît mitigé ?

Une grande campagne de communication doit bientôt démarrer.

L’auditeur devra s’équiper d’un nouveau récepteur mais il bénéficiera d’une meilleure qualité du signal, notamment en mobilité. Le DAB+ s’appuie sur le réseau hertzien, donc il est gratuit et anonyme (pas d’algorithme pour définir un profil commercial) et plus vertueux sur le plan écologique que la FM et la 5G (plus faible consommation électrique).

Pour les radios, c’est le moyen de créer un nouveau projet, élargir la zone de diffusion, d’avoir un signal de qualité.

Mais elles doivent se soumettre à un nouveau passage à l’ARCOM, acquérir le matériel et une nouvelle façon de travailler en studio. Très attachées à la culture de la FM, elles doivent aussi faire face à un coût supplémentaire, tant qu’elles doivent assurer une double diffusion en FM et DAB+. Au moins jusqu’en 2030 !