La parole est d’or, le livre aussi
Parmi les documents d’archive retrouvés pour les 50 ans du club de la presse: deux épais livres d’or, aux couvertures matelassées, à la tranche dorée. Leurs pages se feuillettent comme un album de famille. Politiques, artistes, journalistes… de nombreuses personnalités se sont succédé au Club de la presse. Des dizaines d’invités, de visiteurs, ont laissé leur empreinte, quelques mots, du plus convenu à la déclaration d’amour, parfois un croquis. A croire qu’il était impossible de passer à Rennes sans faire un détour par le Club. Dans les années 75 à 90, citons pêle-mêle, Michel Rocard, François Mitterrand, Pierre Mauroy, Michel Debré, Jacques Chaban Delmas, Georges Marchais dont un laconique « bien cordialement » trône juste au-dessus des signatures d’une dizaine de banquiers sans doute réunis peu après. Les dernières datent de 1993, avec Bernard Tapie ou Denis Seznec.
Florilège de témoignages
Le juge Pascal (1975) exhorte : « vous, journalistes qui ne savez pas, vous devez parler, nous, juge d’instruction, qui savons, nous devons nous taire… ». Le confrère Jean-François Kahn (1975), récemment décédé, « seuls en définitive les journalistes sont garants de la liberté de la presse et j’espère que ce club de la presse donnera l’exemple, la Bretagne en a l’habitude ! » Le flic Roger Borniche (1975) « en souvenir d’une excellente soirée où, pour une fois, je me suis mis à table. » Per Jakez Héliaz, l’auteur du Cheval d’orgueil, signe (1976) en breton « A greiz kalon (du milieu du cœur) ». Le chanteur Antoine (1977) s’amuse : « le globe-trotteur, fondateur et unique membre du club de la paresse, salue amicalement ceux du club de la presse ». Le cinéaste Paul Vecchiali (1977) « très attaqué, comme je le souhaite, dans la mesure où je voudrais faire un cinéma vivant qui interroge et dérange… » « En souvenir d’une Bretagne glacée, mais de bretons chaleureux » frissonne Jean-Jacques Servan Schreiber (en 1980).
Un esprit de liberté
Tandis que l’écrivain Jean d’Ormesson salue (en 1982) un « accueil inoubliable dans une prison (1) où souffle l’esprit de liberté. » Simone Veil (le 25 mai 1984), écrit humblement « merci aux journalistes du club de m’avoir donné l’occasion de parler de l’Europe » d’une écriture fine et serrée. Venue à plusieurs reprises, l’académicienne Hélène Carrère d’Encausse est sensible à la « splendeur des lieux.» Venu à trois reprises, Jean-Marie Le Pen est presque un habitué, sans doute mis sur la sellette par les journalistes quand il écrit en 1988 « Bretagne des journalistes, belle et piquante comme l’ajonc. » Faisons un sort à part à deux magnifiques écrivains : le prix Renaudot Conrad Detrez (1978) : « ci-gît la dédicace d’un poète coincé, entre Mitterrand et Poniatowski, mais qui s’en sortira. Et oui ! la littérature etc… » Et ce mot de Martin Gray qui écrit (en 1986), « la vie sans amour n’est rien ». Parmi les ultimes témoignages, celui du rennais Michel Denis, écrivain et historien, en 1989 : « c’est à Rennes, berceau de la liberté, qu’est née dans les faits la liberté de la presse quand Volney a publié dès l’automne 1788 le premier périodique sans autorisation royale, La Sentinelle du peuple… Que la presse rennaise et bretonne sache garder l’héritage d’indépendance ! »
1. Le Club est alors installé dans des locaux chargés d’histoire, situés Prison Saint-Michel.
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